Notre première semaine fut dense et à la hauteur de nos attentes. Une phrase revient sans cesse dans ce pays sans réel chemin : "Il n'y a de chemin que ceux que traces nos pas"...
1er Jour
Nous sommes partis le lundi 7 mars de Nasca, "à la fraîche", sous un soleil de plomb et une température qui avoisine déjà les 30°C à 9h (mous marchions alors depuis déjà 2 heures). Nous suivons le cours du rio Tierras Blancas, alimenté par les pluies des montagnes et servant à l'irrigation des champs de la région. Très vite, le chemin qui longeait les champs laissa place à des traces sans suite. Autant dire que notre progression n'a pas été très rapide.
Après des lunettes de soleil qui ont décidé de se rafraichir dans le rio et une escalade dantesque, nous rejoignons la route et une "casitas" improbable où deux vieux (sur)vivent comme par miracle. A défaut d'eau, les sodas Kola Real nous rechargerons en sucre. Nous quittons ensuite la route pour la piste que nous souhaitions suivre. Nous apprendrons deux jours plus tard qu'il s'agit d'un ancien chemin Inca. Nous réapprenons le goût des choses simples en pic-niquant à l'ombre et en se rafraichissant au ruisseau. La température atteint les 36°C, le soleil est brûlant et nous prenons garde à notre réserve d'eau.Nous avons emporté 10L en espérant nous ravitailler le deuxième jour, mais la chaleur nous oblige à boire plus que prévu. Première nuit, premier bivouac. Se laver dans une rivière n'a jamais paru aussi bon.
2eme jour :
C'est le début des choses sérieuses ! Un bon dénivelé de plus de 1300m nous attend. Tout en suivant la piste, nous passons à côté de bains thermaux incas ! Avec la chaleur, le mercure atteignant toujours plus de 30°C, un bain frais dans le rio fait plus qu'envie ! Un fermier nous indique le chemin à suivre au prochain croisement (heureusement !) et nous repartons suivre notre piste qui monte désormais en lacets interminables. La chaleur et le rationnement en eau rendent la monté très pénible, quand sorti de nul part, nous croisons "Syriaco" sur sa moto du ministère de l'agriculture. Travaillant à la fumigation des champs, il nous renseigne sur notre objectif du jour, Tambo Quemado. Il est tellement content d'avoir un peu de conversation dans sa journée solitaire qu'il nous offre l'eau de son bidon. Quel plaisir d'avaler ces grandes gorgées alors que nous surveillions notre consommation !
Nous surplombons désormais la vallée et la vue est magnifique. Les montagnes sèches et bombées entourent la trace verte de la rivière qui coule au milieu. Au loin, la cascade de Tambo Quemado nous sert de repère.
Le soir, le maire de ce petit village isolé au milieu de nul part nous offre l'hospitalité dans sa mairie où nous aurons un toit, un lit et l'eau courante ! C'est aussi là que nous apprendrons que nous suivons un chemin Inca et que nous aurons des infos sur les points de ravitaillements possibles.
3eme jour :
Nous décidons donc de suivre le chemin Inca avec un bicvouac et un ravitaillement le lendemain.
Mais ce chemin Inca n'est pas particulièrement simple à suivre. Nous perdons plusieurs fois la trace, ce qui rend notre progression dans un terrain accidenté très lente. Et cela empire quand nous entrons dans les nuages qui nous privent de visibilité.
Après une longue journée de plus de 9h de marche et près de 1000m de dénivelé positif, nous nous arrêtons pour le bivouac encore entourés par les nuages. Le riz à la sardine n'aura jamais paru aussi bon !
4eme jour :
Nous ne savons pas exactement où nous sonmes mais nous savons où nous devons aller. A travers une pampa de montagne, sans autres traces que quelques cairns qui semblent matérialilser le chemin, nous rencontrons nos premières vigognes (sorte de lama sauvages au poil lisse).
La rencontre d'un berger dans ce paysage désertique parsemé de ruines Inca semble surréaliste et nous permet de confirmer que nous allons dans la bonne direction.
Nous apercevons enfin la route et le croisement où nous pourrons nous ravitailler mais à 3700m, nous sommes vites essouflés et la progression est lente ! Portés par l'envie d'arriver nous atteignons enfin notre point de mire. Il s'agit en fait de quelques maisons de terre au toit de tôles où nous trouvons à boire, à manger et surtout un abri providentiel durant l'orage de grêles qui éclate peu après notre arrivée. Nous aprenons que nous pourrons passer la nuit à quelques kilomètres de là. Nous entrons donc dans la réserve à Vigognes de Pampa Galeras pour atteindre un endroit irréel.
Le camp de base de la réserve où travaillent toujours plusieurs employés d'état a dû être un vrai lieu touristique mais les installations sont désormais complétement vetustes ! Cependant, cela nous permet de passer la nuit au sec et sur un lit. Que demander de plus ?
5eme jour
Nous atteindrons 4009m ! Travesée de la pampa puis panorama magnifique qui rappellent les montagnes d'Europe. Après une descente épique toujours en essayant de deviner où passe le chemin, nous finirons par retrouver une trace bordée des murets Inca signalétiques. Nous déjeunerons après plus de 7h de marche dans un village sans nom.
Deux péruviennes qui n'en reviennent pas de notre marche depuis Nasca (et qui se moquent un peu, avouons le) nous apprennent qu'il nous reste 1h30 de marche jusqu'à Lucanas où nous pourrons dormir. Elles nous indiquent aussi un racourci dont nous ne trouverons jamais la fin comme tous les chemins péruviens que nous empruntons ;-) Il se finira en descente à travers champ pour rejoindre la route que nous devrons suivre jusqu'à Lucanas sous la pluie. Quand un camion s'arrête pour nous laisser monter derrière, nous n' hésitons que quelques secondes. La journée a été longue et difficile, et cette heure de marche sous la pluie ne nous enchante guère. Nous voilà donc debout à l'arrière du camion avec une péruvienne et ses deux enfants.
Lucanas, notre étape du soir, est une ville de passage sur cette nationale qui relie Nasca à Cusco. Sans charme, on y trouve quelques restos qui comme toujours, nous offrent le menu traditionnel : un bouillon de viande avec des pates et un plat accompagné de riz. Qu'il semble loin
le poulet grillé frites dont nous nous délections à Nasca. Mais comme ces menus semblent bons après un dîner de riz ou de pates en bivouac !
Tout le monde nous le dit : entre Lucanas et Puquio le plus simple est de suivre la route. Pas de chemins de traverse. Nous nous résignons donc à parcourir 25km le long de la route et nos quelques tentatives pour couper les courbes s'avèrent peu optimales jusqu´à ce que nous retrouvions comme par magie au milieu de nul part nos cairns et nos murets Inca. On distingue une piste qui mène jusqu'à Puquio. Objectif atteint en seulement 5h30 et 21km.
Prochain étape Chaluhanca dans une semaine et un passage à 4800m !
!Hasta luego¡
N'hésitez pas à nous donner de vos nouvelles et à laisser des commentaires.
whaou! photos superbes et périple exaltant... nous sommes bluffés avec Lionel et Natacha regarde attentivement les photos (il est où l'oiseau demande t elle ;o)
RépondreSupprimeron vous embrasse et bon courage pour les hauteurs.
Nathalie et Lionel
coucou les baroudeurs !
RépondreSupprimerMerci pour toutes vos ptites nouvelles, c'est trop génial, on voyage un peu avec vous !!
On pense bien à vous et bon courage pour la marche ! "un km à pieds, ça use, ça use..."
gros bisous
Ahhhh, le riz - conserve de sardine... et peut être les galettes au thon?
RépondreSupprimerSuperbe récit, profitez à fond!
Ludovic
C'est un régal de vous lire ! Bravo pour ce que vous faites !
RépondreSupprimerFrank I can't even recognize you here lol. That beard is part of you now.
RépondreSupprimerJacob