Voici le récit de notre chemin de Cachora jusqu'au Machu Picchu en passant par les ruines de Choquequirao. Trek magnifique et difficile de 7 jours.
Jour 0 : convalescence. Abancay - Cachora (d- = 500m)
Deux jours de pause à Abancay pour préparer notre prochaine étape, se ravitailler, mettre à jour le blog et surtout récupérer de notre première intoxication alimentaire du séjour ! Quasiment une journée entière au lit dans un état pas très enviable. Au revoir jolie ballade au sanctuaire national de l'Ampay dans les hauteurs d'Abancay. Encore convalescents, nous décidons de nous rendre directement à Cachora et de ne pas faire deux jours de chemins incertains avant la dizaine de jours qui nous attend pour atteindre le Machu Picchu. Donc une quarantaine de kilomètres en taxi et une petite descente de 6km jusqu'au village de Cachora pour nous remettre doucement en jambes.
Cachora est un (tout) petit village qui se développe désormais autour de l'activité touristique générée par les treks vers Choquequirao (et plus occasionnellement vers le Machu Picchu). On y trouve donc de quoi se loger (de l'hôtel confort tenu par un couple Néerlando-Péruvien aux "hospedajes" plus basiques où nous logerons), quelques boutiques pour les derniers ravitaillements et des services de guides et de mules. La vue sur le nevado enneigé est tout simplement magnifique.
Le trekking développe un vrai écosystème économique autour de la marche et surtout du site superbe de Choquequirao qui fait vivre muletiers, guides et petits commerces du coin. Les services proposés rendent accessible au plus grand nombre le site magnifique de Choquequirao. Le trekking ici comme ailleurs (le Rinjani à Lombok pour citer une de nos expériences rescentes) génère une vraie économie, et diffère bien du voyage à pied que nous entreprenons. Le trek peut se faire en tout confort avec mules, guides, cuisiniers, bivouacs tout organisé (y compris le tabouret toilette qui nous a fait halluciner!), juste avec des mules pour porter l'équipement ou comme nous, en autonomie complète. Heureusement que cette flexibilité existe encore ici ! (ce n'est plus le cas par exemple sur le chemin de l'inca ou au Rinjani).
Nous rencontrons Marion et Arnaud, un couple de Bretons depuis 4 mois en Amérique du sud. Nous échangeons infos, bons plans, expériences et premiers doutes : l'Instituto Nacioncal de la Cultura (INC) de Cusco leur a certifié qu'il fallait le billet de train de Cusco pour acheter le ticket du Machu Picchu... Le responsable touristique de Cachora et l'association des "arieros" (muletiers) nous disent que la route de trek jusqu'au Machu Picchu n'est pas ouverte à cause de la saison des pluies exceptionnelle... il y a un rio à traverser trop dangereux en cette saison. Mais un couple l'a déjà fait avant nous cette année. Gros doutes et tempêtes sous les casquettes si nous devons revoir notre itinéraire ! Par prudence, nous engageons un guide pour qu'il nous rejoigne à Choquequirao (nous tenons à commencer seuls sur le chemin bien balisé) et nous accompagne jusqu'à Yanama, partie du trek sur laquelle nous avons le plus de doutes et qui englobe le passage du fameux Rio Blanco... Si nous ne pouvons pas traverser, nous devrons faire demi-tour...
Jour 1 : grand départ ! Cachora - Santa Rosa Alta (25km ; d+ = 700m ; d- = 1350m)
Nous partons vers 7h, accompagné d'Alberto, notre futur guide qui nous met sur le bon chemin. Les nuages ne se lèvent pas trop mais le début du trek est très agréable.
Aucune visibilité au premier mirador.
Puis nous commencons la descente vers le rio Apurimac et la vue sur la vallée encaissée se dégage peu à peu. Magique !
Nous retrouvons Marion et Arnaud avec qui nous ferons la descente et le début de la montée après le Rio Apurimac.
En bas, le campement de playa rosalina où un vieux panneau indique le développement du site avec eau potable et parador touristique financé par un fond franco-péruvien. Dans les faits, un site devenu vetuste, sans eau si ce n'est la bouteille à 10 soles (3 ailleurs).
Puis commence la montée. On s'arrêtera après 700m de montée très raide, content de trouver un campement désert et ensolleillé.
Jour 2 : enfin les ruines. Santa Rosa alta - Camping de Choquequirao (8km ; d+=800m ; d-=200m)
La montée continue pour arriver aux ruines. Nous commençons donc la journée par 600m de monté aussi raide que la veille. Les jambes sont lourdes. Une fois arrivés au poste de contrôle de nos billets, nous voyons le camping de l'INC (très bien tenu avec sanitaires propres et gratuit) mais il reste encore 45min qui paraissent interminables ! Heureusement, les nuages se lèvent et nous permettent de contempler les superbes terrasses durant notre arrivée.
Jour 3 : le Rio. Choquequirao - Rio Blanco (environ 10km ; d+ = 500m ; d- = 1350m)
Nous profitons de la matinée pour aller voir les terrasses et refaire un tour dans les ruines mais ce matin, les nuages ne se lèvent pas. Sans visibilité, nous redescendons vite au camp pour préparer le départ. Alberto n'est pas au rendez-vous. Les gardes de l'INC et les différents arieros nous ont tout de même rassurés. Plusieurs d'entre eux font le trajet et nous proposent leurs mules. C'est donc faisable et la trace du chemin ne peut pas se perdre (d'après eux). Nous partons donc seuls à midi, en suivant les traces laissées dans la boue par les mules. Tant mieux, nous continuons l'aventure seul et a posteriori un guide se serait vraiment avéré inutil.
Nous montons donc au col en 1h d'où nous pouvons encore contempler les ruines, avant de basculer sur l'autre versant pour 3h de descente sous le soleil jusqu'au rio blanco (de son vrai nom Quebrada Victoria) et en croisant encore des terrasses inca.
Nous voilà au fameux rio.
Nous mettrons 1h30 à identifier une passe et à traverser sans prendre trop de risque. Certes le courant est fort mais nous trouvons une passe pour le traverser là où le ruisseau se divise en 2. Soulagés, nous préparons le bivouac après un bain bien mérité ! Quelle ne sera pas notre surprise quand nous verrons débarquer de nuit à la lampe torche un ariero et ces 5 mules. Il rentre chez lui à Yanama après un trek. Le passage du rio ne semble pas poser de problème à tout le monde...
Jour 4 : ça grimpe ! Rio Blanco - Yanama (12km ; d+ = 2184m ; d- = 600m)
Une dure journée nous attend avec un dénivelé reccord. Notre compagnon de bivouac nous quitte avant que nous soyons prêts et nous décollons peu après (6h30) en suivant les traces des mules. Il y a un campement 1000m plus haut. La perspective de la pause nous fait avancer malgré la faim qui vient nous tirailler en dépit du riz au lait pris au petit déj. Nos rations calloriques sont trop faibles pour les efforts que nous fournissons. Quel bonheur de trouver à Maizal, nom du campement où nous arriverons enfin après 3h20 de montée, un repas chaud que nous prépare gentillement une fermière. Jamais riz, pommes de terres frites et oeuf ne nous paraitrons aussi bon ! La vie de ces gens, perchés à flanc de montagne avec une vue imprenable sur la vallée et à plusieurs heures de marches de tout fait réfléchir. L'Homme va partout et ce sont les chemins tracés par ces marcheurs incroyables que nous empruntons.
Nous sommes prêts pour finir l'ascension. Il nous reste 1000m à grimper le long d'un chemin particulièrement boueux où nous nous enfonçons. Prêt du col, un magnifique chemin inca se dessine.
Mais ce col semble ne jamais venir ! Un dernier effort et nous y voilà, nous passons le col à 4200m après 4h20 de monté au total.
Reste à descendre jusqu'au village de Yanama. Nous trouverons une "tiendita" où nous ravitailler (bien qu'il nous reste suffisament de vivre, nous ne voulons pas revivre notre faim du jour) et un abri inattendu dans la salle du téléphone communal.
Jour 5 : dans les hauteurs. Yanama - Totora (15km ; d+ = 1100m ; d-=1200m)
Encore 1000m de dénivelé positif au programme aujourd'hui avec un col à 4660m, point culminant de notre route vers le Machu Picchu ! A plus de 4000m, nous avançons lentement mais surement avec une vue superbe sur les glaciers qui nous entourent.
Nous pique niquons au col, heureux de cette belle montée et de la vue sublime qu'elle nous a offerte. Les condors volent à la limite des nuages plusieurs centaines de mètres plus haut !
Nous entamons une longue descente vers Totora où nous bivouaquerons. Des sites de camping existent tout le long de cette voie empruntée par les trekeurs.
Jour 6 : retour à la "civilisation" .Totora - Santa Teresa (34km ; d- = 1820m)
Nous avançons vite en suivant notre chemin en pente douce. Le paysage se transforme petit à petit au fur et à mesure que l'altitude baisse : plus de végétation, plus de nuages, plus d'humidité. Nous avançons bien et après avoir suivi une piste qui n'existait pas sur la carte, nous voilà à Playa pour le déjeuner. Nous avons bien avancé. Encore 3h et 15km et nous atteindrons Santa Teresa pour la nuit. Nous ne pensions pas boucler notre parcours aussi vite et nous sommes fiers de nous. Demain nous serons à Aguas Caliente et après demain au Machu Picchu !
Santa Teresa est un point d'entrée alternatif vers le Machu Picchu pour ceux qui ne s'offrent pas l'aller -retour en train à 100 USD depuis Cusco. Nous entrons donc en zone touristique et cela se ressent durement ! Nous n'avons pas vu de touristes depuis un mois ! Ce sera en outre notre pire dîner depuis longtemps...
Jour 7 : journée galère. Santa Teresa - Aguas Calientes (d=15km ; d+ = 500m)
Deux heures trente pour la gare d´Hydroelectrica puis deux heures le long de la voie. Ca devait être une journée courte et facile avant le sanctuaire du Machu Picchu. Les gens de Santa Teresa nous l'avaient confirmé. Sauf que nous découvrons enfin les fameux glissements de terrain qui ont coupés les axes de communication vers le Machu Picchu. La route est coupée en plusieurs endroits (dont un eboulement qui date de la nuit même !) qui obligent à traverser le rio Urubamba au fond de la vallée dans des petits chariots sur tyrolienne !
Nous perdons un temps fou à attendre que les groupes avant nous traversent. Puis ensuite, c'est un chemin difficile jusqu'à la gare d'hydroelectrica, complétement anachronique puisqu'elle ne sert qu'à relier cette centrale électrique au pueblo d'Aguas Caliente.
Arrivés au poste de contrôle de l'INC qui marque l'entrée dans le sanctuaire du Machu Picchu, nous nous faisons une grande frayeur devant le communiqué qui annonce l'obligation de posséder son billet de train de retour pour pouvoir entrer. Heureusement, à la Péruvienne, on ne nous demande rien. Nous ne comptons plus les règles édictées mais jamais appliquées.
Ensuite, nous longeons cette fameuse voie ferrée jusqu'au village. La pluie épisodique depuis le matin se transforme en grosse drache et nous sommes trempés malgré les Gore-Tex. Ce sentiment "humide" ne nous quittera pas jusqu'à notre départ d'Aguas Calientes.
Aguas Calientes est une ville de passage obligé, traversée par la voie ferrée, sans charme et très touristique dans le mauvais sens du terme. Pour nous remonter le moral, nous irons nous faire un excellent dîner dans le meilleur resto de la ville, franco-péruvien. Franck paiera chèrement ses excès le lendemain pendant la visite du Machu Picchu ...
Jour 8: Machu Picchu!!! (d+ environ 500m)
Motivés pour pouvoir arriver dans les premiers au Machu Picchu et pouvoir avoir le droit de monter au Wayna Pichu (montagne depuis laquelle on a une superbe vue sur le Machu Picchu et qui est autorisée pour les 200 premiers visiteurs), nous nous levons à 3h30 du matin et commencons l'ascension pour les guichets à la frontale, sous des trombes d'eau... Nous ne sommes pas les seuls et il suffit de suivre les files de jeunes qui montent. Nous arrivons à 5h20 et nous nous rendons compte qu'il y a à peine une cinquantaine de personnes... Nous avons sans problème nos entrées pour le Wayna mais nous sommes trempés... Pas de lever de soleil sur le site pour nous aujourd'hui. Nous nous sèchons un peu avant d'entrer sur le site encore dans la brume. Au détour d'un sentier, nous tombons sur Marion et Arnaud avec lesquels nous ferons le reste de la visite.
Heureusement pour nous le soleil pointe son nez et nous monterons le Wayna Picchu avec une superbe visibilité su le site.
La journée est un peu rude pour Franck. Incapable de redescendre à pied, Dom jouera l'infirmière et nous ferons le retour en bus. Malgré cela, nous garderons un excellent souvenir de ce site considéré comme une des 7 nouvelles merveilles du monde.
Votre récit est génial !!! on a l'impression d'y être c'est dingue (sauf que je suis dans mon canap' ok!).
RépondreSupprimerApparemment pas toujours facile mais l'art de relativiser ne vous quitte pas ;)
merci pour le récit détaillé et les photos!
RépondreSupprimerc'est vrai qu'on a l'impression d'y être ou tout simplement l'ENVIE d'y être ;-)