jeudi 24 juin 2010

Bolivie, "Tout est possible, rien n'est certain ! "

Nous croisons bien peu de cyber café durant notre périple dans l'altiplano Bolivien, et c'est bien dommage car il y a beaucoup de choses à dire de ces espaces déserts et magnifiques que nous traversons depuis presque un mois !

Tout d'abord, rassurons tout le monde : tout va bien pour nous! On s'en met plein les mirettes et les gambettes depuis 1 mois... Nous sommes partis de La Paz, accompagnés pendant 3 jours par Jacob, un jeune canadien rencontré au Pérou et sommes arrivés 9 jours plus tard à Sajama. Nous avons traversé de superbes paysages de canyons (on se serait cru aux Etats-Unis) puis nous avons retrouvé notre pampa bien plate, agrémentée d'imposantes montagnes: le Sajama (6542m) et les deux jumeaux le Parinacota et le Pomarapi, culminants tous deux à plus de 6000m.
Pour éprouver un peu notre acclimatation à l'altitude, nous avons gravi le Sajama, à force de crampons et de piolets, bien aidé par notre super guide Juan (http://www.altitude6000.com/). Après cette sacrée expérience, nous sommes repartis sur nos chemins plats et déserts pour atteindre en 10 jours les bords du Salar d'Uyuni. Pour l'entrainement, nous avions déjà traversé le salar de Coipasa, beaucoup moins touristique.
Pour notre 100ème jours de marche, nous nous sommes donc offert le luxe de 40kms de traversée de désert de sel, pour enchaîner le lendemain avec... 40kms plus du vent!
Bref on en a bien bavé malgré les paysages impressionnants!!
Depuis, nous avons poursuivi notre route et notre compteur affiche maintenant 1900kms!!! Nous sommes à une quinzaine de jours de l'Argentine, avec une route qui reste assez mystérieuse (les cartes se contredisent qlqs peu).

Depuis La Paz, nous sommes vraiment rentrés dans l'hiver: il fait maintenant entre 0 et -5 degrès dans la tente, nos bouteilles d'eau gèlent... Et la seule chose qui réchauffe nos corps engourdis de froid le matin est la promesse de brûler sous le soleil quelques heures après (il fait en moyenne 20-25 degrès le jour).
La nouvelle donne aussi, c'est le vent... Jusque là nous n'avions connu que la petite brise. Maintenant nous savons que le vent est notre pire ennemi, bien pire que la pluie, l'orage ou la grêle. Ce beau vent de face ou de côté qui vous force à faire le double d'effort et surtout qui vous mine le moral...Nous espérons ne pas trop avoir à l'affronter dans les jours qui arrivent!
Nous avons aussi pu tester ce bel adage: Todo es possible, nada es seguro... Dans ces coins assez déserts, nous ne sommes jamais sûrs de rien: l'eau, la nourriture, les chemins... Nous avons de bonnes surprises (de l'eau courante dans un tout petit village, une aire de pic nic au milieu de nulle part) comme de moins bonnes (un grande ville, capitale de district, pas d'eau chaude, pas d'internet contrairement à ce qu'on nous avait dit et uniquement de l'eau au puit avec un super goût...). Du coup,on anticipe pas mal et portons pas mal d'eau et de nourriture! Et nous travaillons notre zen attitude...

Malgré le côté désertique, les quelques rencontres que nous faisons sont toujours de belles aventures: les Boliviens sont charmants,toujours prêts à nous donner un coup de main (remplir nos bouteilles, nous offrir du pain, nous donner des conseils sur les chemins...). Nous avons aussi fait la rencontre de voyageurs, essentiellement francais: 3 cyclotouristes (2 francais et un espagnol) en tour du monde depuis presque 2 ans, un couple et ses 2 enfants qui voyagent en alternant camping car et vélo qui nous ont offert un bon café au chaud alors que ca souffler rude dehors, des navigateurs-motards... Toutes ces rencontres sont toujours bien riches!!

Les Salars: Coipasa et Uyuni.

 J 95 Sabaya- Coipasa: 32kms
Tout le monde nous a conseillé de traverser le salar plutôt que de le contourner: c'est plus rapide et les alentours du salars sont désertiques! Pas de problème, cela nous fera de l'entraînement pour Uyuni!






Nous partons donc pour cette première journée, entre terre et sel, le sol nous donne toutes les teintes du marron au blanc.


Ce n'est qu'en fin de journée que nous commencerons à entendre nos pas crisser sur la croûte de sel...


Evidemment sans piste, nous nous plantons un peu et finirons dans la pampa pour atteindre le village de Coipasa. Nous sommes bien surpris de trouvé une "casa des turistas",avec toutes les infrastructures nécéssaires au tourisme... mais toujours pas raccordé ni à l'eau ni à l'éléctricité...



Pour notre part,nous sommes ravis de trouver de bons lits, pour une fois assez grands pour nos jambes!



J 96 Coipasa-sortie de salar: 43kms

Lever aux aurores pour cette grosse journée qui nous attend... Nous observons médusés et congelés le lever du soleil sur ce salar. Tout le monde nous a dit qu'il y avait une belle piste, sauf qu'il n'y en a pas une mais pleins... et dans le salar, il est très dur de se repérer... Commencera alors pour nous une journée oú nous chercherons la piste, sans succès, même le panneau n'indique que du blanc!
Aucune voiture ne s'arrête pour nous orienter, nous manquerons même de nous faire écraser par un 4X4!!! Faut le faire quand même!!! Après une longue journée, nous atteignons enfin la terre... Nous n'aurons pas le courage de faire les 2kms qui nous séparent du village. Nous planterons  notre tente au bord du salar, au coucher du soleil, sous un ciel plein d'étoiles!



J 100: Tahua- Isla Inca Huasi 39kms



Forts de notre expérience de Coipasa, nous partons à l'aube, avec le sac bourré de sandwichs pour tenir le coup! Cette grande étendue polaire nous tend les bras et contairement à Coipasa, la piste est hypra visible (300 touristes pas jour, ca a quand même l'avantage de rendre visible la piste!)...
Nous tracons et arrivons à 17h à l'isla Inca Huasi... Juste le temps d'apercevoir quelques touristes qui partent et l'île est pour nous!!! Une dizaine de personnes vivent là, et nous aurons l'agréable surprise d'apprendre qu'il y a un refuge. Nous dormirons donc à l'abri du froid, avec une vue panoramique sur le salar!

J101: Isla Inca Huasi 41kms

Après un bon petit déj, nous fuyons l'île, envahie par les touristes. Nos corps sont quand même éprouvés par les derniers kms et les pieds de Franck souffrent...
Un 4X4 plein de touristes passent, ouvrent les fenêtres, nous prennent en photo sans ralentir et sans répondre à nos bonjours... et repartent... Impression d'être une bête de foire... Je me sens très proche des animaux de Thoiry pour une fois!
Nous sentons que nous avancons moins vite et pour arranger le tout, un vent violent, de côté se lève vers 15h... Après confirmation auprès d'un 4X4 (heureusement certains sont sympas et s'arrêtent!) nous quittons la piste qui fait un détour et tacons dans la pampa pour rejoindre le village à la sortie du salar...
Nous terminons au moral et à la rage cette journée interminable... Nous atterrirons par hasard dans un hôtel de sel, oú nous savourons un super dîner et une bonne nuit...

Les salars resteront sans doute pour nous les paysages les plus incroyables et les journées les plus éprouvantes de notre voyage...

Ascension du Sajama... 6542mètres!!!

Quoi de mieux pour notre anniversaire de mariage que de s'offrir un petit sommet à 6542m! Nous avions prévu ce beau cadeau à La Paz avec l'agence Altitud6000 (http://www.altitud6000.com/) et c'est sagement à Sajama que nous avons attendu notre guide cerifié, Juan, et notre cuisinier... Nous les avons attendus quelques heures car il y avait un blocus sur la route (principe assez répandu ici lorsque les gens ne sont pas contents, un peu le même principe que les grèves en France). Nous sommes bien contents d'avoir planifiés cette ascension depuis La Paz avec cette "jeune" agence : guide très pro, rassurant, enthousiaste et sympa, super matériel (nous n'avons pas du tout ressenti le froid), bonne logistique. Bref, nous n'avons pas regretté de payer un peu plus cher qu'avec un guide "local".

Heureusement, la 1ere journée est très cool, nous atteindrons le camp de base Baja (4800m) en fin d'après midi. Nous ne sommes pas habitués à tant de luxe: un super cuisinier et une immense tente North Face. Le lendemain, journée light encore, nous montons en queques heures au camp de base Alta à 5680m où nous nous couchons à 18h après de superbes couleurs sur les montagnes...

Le réveil à 1h30, en pleine nuit est un peu dure. Tout le monde nous avait dit qu'on allait mourir de froid, du coup nous nous sommes couverts comme des fous pour la "nuit". Résultat, on a crevé de chaud!

Franck est en pleine forme, moi je me sens un peu moins bien. Nous n'aurons aucun signe de mal d'altitude mais la montée est sacrément physique, avec des passages assez techniques. Nous sommes évidemment encordés,avec piolets et crampons!

Partis à 3h du matin, nous voyons le ciel changer de couleur et se teinter de violet, d'orange et de jaune, révélant le magnifique paysage alentour. L'ombre projetée du Sajama domine l'ensemble et est impressionnante.

Nous arriverons au sommet après 6h de montée et il faudra toute la patience et la motivation de Juan et Franck pour me faire aller jusqu'au bout! Malgré cette journée éprouvante, le lever du soleil et les paysages sont juste hallucinants!
Au sommet, nous resterons uniquement 10 minutes à cause du vent impressionnant, il fait -18 degrès !

La descente sera encore plus technique que la montée ! Nous allons devoir travailler notre technique de cramponage et de planté du piolet (comme le baton mais en plus dur !)

C'est donc avec grand plaisir que nous nous jetterons dans les eaux thermales vers 17h après avoir grimpé près de 900m et descendu 2000m !
Quelle journée!!!